Revue de Presse - Tribune de Genève du 4 oct. 2018

Pour célébrer sa 80e édition, la Coupe de Noël sera plus givrée que jamais

Natation Elle a fait le plein d’inscrits en neuf minutes. Et le 16 décembre, elle plongera au pied du Jet d’eau.

C’est une vague immense, qui prend sa source au cœur de l’été quand la baignade a la tiédeur vacancière. Elle n’est pas scélérate comme peut l’être un tsunami. Elle est joyeuse, plutôt languissante encore. Ce n’est qu’au seuil de l’hiver qu’elle déferlera dans le frigo de la rade, frémissante et festive.

Née dans l’austérité des années 30, la Coupe de Noël fêtera le 16 décembre sa 80e édition. En slip, en tutu ou en Marsupilami, c’est selon. Pleine à ras bord, c’est certain. Il y a dix jours, sur internet, ses 2290 bonnets de bain se sont arrachés en neuf minutes. Comme les tickets pour Paléo. Pour en coiffer un, il valait mieux savoir plonger que surfer! Beaucoup sont restés le bec dans l’eau.

Il ne fait pas de doute que le froid conserve. La plus ancienne manifestation sportive du calendrier genevois en est la preuve vivante. À sa façon, elle a inventé la cryothérapie. Et si elle se dope, ce n’est qu’à l’eau claire, son élixir de jouvence.

Longtemps, elle ne s’est adressée qu’à des initiés. Mais comme la Course de l’Escalade, dont elle s’inspire ouvertement, elle a su se démocratiser. S’encanailler. Aujourd’hui, sa tribu est nombreuse et hétérogène. Si on y croise encore quelques kronosaurus, on y découvre surtout une joyeuse bande de farfelus, des collégiens et leur picoulet aquatique, des frileux qui se soignent.

«En établissant notre casting, on tient tout de même à préserver une certaine répartition des genres, précise Christophe Jacot. La Coupe de Noël, ce n’est pas que la trempette qui s’amuse. Si les séries humoristiques sont aujourd’hui largement majoritaires, les compétiteurs gardent notre priorité. Ils composent un quart de la participation.» Et cette année, les plus endurcis d’entre eux seront gâtés avec le lancement de la «Givrée du Jet d’eau», une longue traversée de 444 mètres, la cerise sur le gâteau du 80e. Quatre-vingts stoïques ont mordu à l’hameçon.

Cette givrée, c’est un peu la Course du Duc chère à l’Escalade, en plus sélective. «Cela fait depuis quelque temps déjà et l’essor des épreuves de winter swimming que l’idée mijotait, explique Christophe Jacot. On s’est posé des questions. Trop dangereux? Pas assez populaire? On a consulté la Brigade de la navigation et ils nous ont dit: «Mais c’est vous les spécialistes.» En fait, tous les acteurs de la sécurité lacustre se sont dits prêts à soutenir le projet. Alors, on s’est jeté à l’eau et on en a appelé à la responsabilité des nageurs engagés. Là, ce n’est pas de la rigolade. On a juste autorisé le port des chaussons en néoprène pour faciliter la traversée de la jetée à pied. Au niveau de l’organisation, il faudra veiller à ne pas entrer en collision avec une Mouette!»

Qu’ils barbotent sur le parcours traditionnel (120 m) ou qu’ils fendent la rade entre le Jet d’eau et le Jardin anglais, tous ces givrés réchaufferont le cœur de Genève. Le record de participation est submergé. Que demander de plus? «Une eau à 5 degrés pour mettre le champagne au frais», répond l’organisateur de Genève Natation.

Pascal Bornand

Tribune de Genève, Pascal Bornand, 4 octobre 2018, https://www.tdg.ch/sports/celebrer-80e-edition-coupe-noel-givree-jamais/story/27314695,

CDNGuest User